Discorsu di a Presidente di l’Assemblea di Corsica di a sessione di u 28 di nuvembre di u 2024

Publié le 28/11/2024

Discours de Marie-Antoinette Maupertuis*, Présidente de l'Assemblée de Corse, prononcé le 28 novembre au cours de la session ordinaire

Sgiò Presidente di l’esecutivu,
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi,
Signore è signori i cunsiglieri di l’Assemblea di Corsica,

Sta sessione di nuvembre s’apre in un cuntestu fattu cume sempre di bone è di gattive nutizie.
Principieraghju stu discorsu incù dui affari chì mi danu assai penseru.
Prima di tuttu, vuleria cummentà a decisione di a Corte d’Appellu Amministrativa di Marseglia chì hà cunfirmatu a decisione di u Tribunale Amministrativu di Bastia di marzu 2023 nantu à l’usu di a lingua corsa à l’Assemblea di Corsica è à u Cunsigliu esecutivu.
Pare dunque chì per una certa parte di a ghjustizia è di l’amministrazione francese ùn si pò micca scrive indè u nostru regulamentu internu chì e lingue di i nostri dibattiti sò u corsu è u francese. Pare chì ùn la pudemu micca scrive è dunque, infatti, chi ùn si puderebbe micca parlà corsu quì.
Dicu « pare », perché cume a sentite, è a ponu sente quelli chì ci fideghjanu nantu à a rete, eiu parlu corsu.
Parlu corsu - quì è oghje - perché ghjè a mo lingua.
Parlu corsu - quì è oghje - perché chì ghjè u mo dirittu.
Parlu corsu è ùn pienteraghju micca di parlà perchè chì ùn pigliu nunda à nimu parlendu corsu.
Tutti quelli chì volenu stà a sente i nostri dibattiti in francese a ponu fà cù u sistema di traduzione simultanea.
Allora, senza meze parolle, a vi vogliu dì.
Noi quì cuntinueremu à parlà a nostra lingua !!!
Cù u Presidente di l’esecutivu purteremu un ricorsu à u Cunsigliu di Statu. Mà sta decisione, assurda è inghjusta, face capì ancu à quelli chì ne dubitavanu, chì ci sò ghjente chì volenu a morte di a nostra lingua è di u nostru populu.
Se e regule impediscenu un dirittu umanu fundamentale, u dirittu di un locutore corsu di fà usu di a so lingua ind’è i servizi publichi, allora ghjè a regula chì deve cambià, micca u locutore.

U travagliu ch’avemu fattu nantu à u statutu di a lingua in u quatru di a revisione custituziunale deve cuntinuà. L’esperti, da e Nazione Unite à l’universitari, ci dicenu ch’avemu ragiò di cuntinuà à luttà pè i nostri diritti linguistichi. U prughjettu di scritture custituziunale hè statu fattu di modu à cunferì à a nostra lingua un carattere ufficiale è cusì prumove un bislinguismu attivu. St’Assemblea l’hà dettu è l’hà vutatu : vulemu chì a nostra lingua sia ufficiale è cuntinueremu nantu à sta strada. Perché a vi dicu, simu ind’è u filu ghjustu di a storia !

Altru sughjettu d’attualità chì ci crea assai penseru, ghjè quellu di a situazione in Valencia è in altre rughjoni di Spagna è Catalogna, induve u gattivu tempu hà purtatu disgrazie, distruzione è morte.
Les 29 et 30 octobre derniers, des inondations sans précédents ont touché la Province de Valence ainsi que les régions de Castilla-la-Mancha, d’Andalucia et la Catalunya. Le dernier bilan fait état de 225 morts et 14 disparus. Face à ce drame, j’ai souhaité que nous puissions, à l’occasion de cette session, manifester notre solidarité et notre soutien fraternel aux populations et institutions concernées. Une motion vous a donc été transmise en ce sens et je sais que nous nous retrouverons tous autour d’une question qui touche aujourd’hui nos amis en Espagne et en Catalogne mais qui est malheureusement amenée à se répéter dans bon nombre de territoires du pourtour méditerranéen, compte-tenu de la forte exposition de la zone méditerranéenne aux effets du changement climatique. Ma solidarité m’a également conduite à rencontrer ce matin des associations corses qui se mobilisent pour exprimer, avec la générosité qui les caractérise, la proximité du peuple corse avec les communautés endeuillées.

Puisqu’il est question de solidarité méditerranéenne, je souhaitais faire remarquer ce jour que la Méditerranée figure à notre agenda pour deux raisons.
Tout d’abord, le 28 novembre est « la » journée de la Méditerranée dans le monde, depuis novembre 2020, et la décision des 42 États membres de l’Union pour la Méditerranée de déclarer officiellement cette date pour célébrer annuellement l’héritage millénaire de ce berceau d’humanisme, de sagesse et de dialogue interculturel.
Cette journée vise à nous rappeler le destin commun des peuples méditerranéens, dans cette mer source de bien des richesses, sur les plans culturel, naturel, économique et tout simplement humain. Nous rappeler aussi cette identité que nous oublions quelques fois, trop concentrés que nous sommes sur nos questions internes.

Rappeler aussi que cette nécessaire intégration est à rechercher avec nos voisins tant les défis sont immenses.
Car oui, la Méditerranée concentre aussi bien les richesses et les beautés du monde mais elle est aussi au centre de bien des enjeux :
  • Géopolitiques d’abord, avec les conflits et instabilités notamment sur la rive sud et les enjeux migratoires et sécuritaires associés ;
  • Ecologiques ensuite, avec son extrême vulnérabilité au changement climatique et aux risques qu’il comporte ;
  • Economiques, avec le vrai défi de l’intégration d’un espace à plusieurs vitesses et des enjeux profonds sur les plans démographiques ou encore commerciaux ;
  • De gouvernance enfin, avec la nécessité d’aborder la Méditerranée au bon niveau, et sous le bon angle, loin des coups d’épée dans l’eau de certaines démarches trop théoriques ou de celles trop technocratiques. La Méditerranée mérite un cadre qui lui ressemble, loin des logiques de domination ou de prédation auxquelles elle a assisté des siècles durant, un cadre plus proche et respectueux de sa diversité et de sa richesse humaine.
Et vous voyez donc où je veux en venir…
Si nous avons bien une bonne nouvelle à célébrer, c’est la visite de Sa Sainteté Papa Francesco en Corse le 15 décembre prochain.

Bien avant l’annonce officielle, la Corse tout entière retenait son souffle pour ce qui est, bel et bien, un événement historique sur le plan symbolique et politique compte-tenu de l’égard fait à notre peuple et de la grâce ainsi accordée à tous les Chrétiens de cette île.
Mais permettez-moi de renouer avec mon propos précédent.
Papa Francesco nous fait donc un honneur immense, celui de visiter le petit peuple que nous sommes, celui de fouler le sol « di stu scornu di Mare Terraniu », stu pizzatellu di terra.
Depuis 2023, après Bari, Firenze ou encore Marseille, le Pape a entrepris une vraie « marche » au service des peuples méditerranéens. Et je veux croire que le choix de la Corse, dans le cadre du colloque de l’Eglise de Corse sur la piété populaire en Méditerranée, s’inscrit dans cette histoire, celle d’un pèlerinage pour rappeler au monde, et rappeler à chacun d’entre nous que nous vivons et oeuvrons dans un espace géographique et symbolique à portée universelle et que nous avons le devoir de l’incarner dans nos vies de femmes et d’hommes mais aussi de responsables politiques que nous sommes.
Nous aurons d’ici le 15 décembre, et après, l’occasion de revenir sur ce qui constituera définitivement un temps fort de communion et de partage pour les Corses et la Méditerranée dans son ensemble. Mais, afin de mieux nous permettre d’en apprécier la portée et le sens profond, je voudrais terminer ce propos en rappelant les quelques mots prononcés par le Pape dans son discours en conclusion des « Rencontres Méditerranéennes » de Marseille le 23 septembre 2023 :
« Allez de l’avant, courageux ! Soyez une mer de bien, pour faire face aux pauvretés d’aujourd’hui avec une synergie solidaire ; soyez un port accueillant, pour embrasser ceux qui cherchent un avenir meilleur ; soyez un phare de paix, pour anéantir, à travers la culture de la rencontre, les abîmes ténébreux de la violence et de la guerre. »
Que nous soyons laïcs ou croyants, responsables politiques ou simples citoyens, ayons en tête et au coeur ces quelques mots au moment où nous accueillerons, avec humilité, Papa Francesco.

A ringrazià vi.


* Seul le prononcé fait foi