Vœux du Président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, pour 2024

Madame, Monsieur,
Cari cumpatriotti,
De l’île et de la diaspora,

Je suis heureux et fier de m’adresser à vous, en cette soirée du Nouvel An.
Elle est un moment privilégié pour repenser à l’année écoulée, mais aussi pour former des vœux concernant celle à venir.

Retournons-nous, d’abord, sur les douze mois passés.
Ils ont souvent été douloureux.
Pour la France, pour l’Europe et pour le monde, confrontés à la guerre, au terrorisme islamiste, au réchauffement climatique.
Mais aussi pour la Corse qui a connu son lot de catastrophes naturelles, de difficultés économiques et sociales, et d’inquiétudes sur le devenir de notre société.

Pourtant, bien que difficile, l’année 2023 nous a aussi démontré que le chemin pour réussir existe.
J’avais cité, lors de mes vœux de l’année dernière, trois secteurs prioritaires : l’énergie, la santé, les transports.
Dans ces domaines clés, des résultats tangibles ont été obtenus par le Conseil exécutif de Corse et la majorité territoriale.

L’énergie d’abord : nous avons signé en 2023 avec l’Etat un protocole qui acte des avancées majeures vers l’autonomie énergétique.
Dans les années à venir, plus de 700 M€ de travaux seront engagés pour la construction de la Centrale du Ricantu, la rénovation énergétique des lycées et logements sociaux, le déploiement des énergies nouvelles…

La santé ensuite : nous avons avancé vers la construction d’un système de santé adapté à nos spécificités d’île-montagne : vote unanime du projet de CHU, engagement du Président de la République pour un nouvel hôpital à Bastia, plan de rénovation des EHPAD, soutien à l’ouverture de maisons de santé…

Troisième priorité : les transports.
La Collectivité de Corse a investi cette année 85 M€ sur le réseau routier, primaire et secondaire.
Dans le secteur ferroviaire, la transformation des Chemins de fer de la Corse en Etablissement public industriel et commercial, concrétise notre volonté de faire du train un outil majeur de notre stratégie de transport, dans une logique de service public.
Un service public que nous avons également pérennisé et renforcé dans le domaine maritime, et que nous défendons dans le domaine aérien : bord à bord attribué à Air Corsica et examen, en février, de la Délégation de Service Public entre la Corse et Paris.
Nous irons vers cette décision avec la boussole qui nous a constamment guidés : respect du droit, gestion rigoureuse de l’argent public, intérêt de la Corse et des Corses, en termes économiques comme en termes sociaux.

Dans ce domaine comme dans tous les autres, le combat pour la Corse est un combat difficile, souvent inégal, toujours recommencé.
Mais nous avons le devoir de le mener.
Et surtout, nous avons la possibilité de le gagner.

2024 sera à cet égard une année décisive.
Initié en mars 2022, au lendemain de l’assassinat d’Yvan Colonna, le processus entre la Corse et l’Etat doit déboucher sur une révision constitutionnelle avant la fin de l’année.
Cette révision doit permettre la mise en œuvre d’un statut d’autonomie et d’une solution politique globale.
Cette perspective est une opportunité que, ni la Corse, ni l’Etat, ne doivent manquer.
Echouer et laisser passer le train de l’histoire serait une faute aux conséquences graves, et sans doute irréversibles.
En sens inverse, la réussite est désormais à portée de main.

Des acquis importants ont d’ores et déjà été enregistrés :
Du côté de la Corse, la délibération votée le 5 juillet 2023 exprime la demande largement majoritaire des Corses et des institutions qui les représentent.
Elle doit bien sûr être prise en compte par Paris : le respect du suffrage universel est la règle de base de la démocratie.
Du côté de l’Etat, le Président de la République a, pour la première fois dans l’histoire des relations entre la Corse et la République, acté la perspective d’un statut d’autonomie.

Le contenu de ce statut a fait l’objet de discussions et d’échanges avec l’ensemble des forces politiques et forces vives de l’île.
Cinq espaces de discussion ont été ouverts :
  1. D’abord, au sein de la Conférence des Présidents de l’Assemblée de Corse, sur les points clés du statut d’autonomie ;
  2. Ensuite, avec les associations de Maires et la Chambre des territoires, sur la future organisation administrative et les garanties attendues en termes de compétences et de ressources propres ;
  3. Troisièmement, avec le CESEC et l’Assemblea di a Giuventù, mais aussi les syndicats et associations, aux fins d’acter notamment le principe de clauses de non-régression sociale et environnementale ;
  4. Avec les acteurs socio-économiques, via les institutions consulaires, dans la perspective de leur rattachement à la Collectivité de Corse avant la fin de l’année, ou par secteur d’activité, comme par exemple l’agriculture ou la pêche ;
  5. Enfin, avec les associations anti-mafia et l’ensemble des acteurs de la société civile dans le cadre de la mobilisation contre les dérives mafieuses.

Le travail considérable ainsi mené permet d’espérer de nombreux points de convergence et un accord politique très large, aussi bien sur le projet de titre ou d’article consacré à la Corse dans la Constitution, que sur l’armature de la future loi organique.

Ces deux textes seront soumis au vote séparé de l’Assemblée nationale et du Sénat avant juin 2024, puis du Congrès à l’automne, et enfin, à referendum en Corse.

En réussissant cette révision constitutionnelle, et en dotant la Corse d’un statut d’autonomie qui est la règle pour toutes les grandes îles de Méditerranée, nous nous engagerons avec confiance et détermination sur un chemin d’espoir, de paix et d’émancipation.

Per e generazione d’oghje è per quelle chi so à vene.
Per a Corsica, è per u nostru populu.
Chi 2024 sia un’annata di pace è di benistà.
Per voi, per i vostri, è per noi tutti,
Incù fervore è fratellanza,
Pace è Salute !

Gilles Simeoni
Presidente di u Cunsigliu esecutivu di Corsica


Seul le prononcé fait foi